Ah la frustration chez nos chiens…

Frustration : État de quelqu’un qui est frustré, empêché d’atteindre un but ou de réaliser un désir.
Notre époque est vraiment particulière. C’est la société du “tout tout de suite”, du “zéro défaut”, du “satisfait ou remboursé”, de “la garantie de résultat”. C’est un mal qui touche tout le monde, petits et grands, hommes et femmes, un mal qui touche toutes les strates de la société. Nous ne savons plus attendre, nous avons bien du mal à accepter l’imperfection, l’erreur. Nos chiens aussi en sont victimes. Mais comment voulons nous apprendre à nos chiens à gérer leur frustration si nous même n’acceptons pas d’être frustrés.
Je rencontre de plus en plus de chien qui n’acceptent aucune frustration, qui n’ont comme on dit dans le métier aucun auto-contrôle. Ils veulent tout et tout de suite; le câlin, le jouet, la nourriture, ils sautent sur tout ce qui bouge, aboient, mordillent, pincent…
Mais à qui la faute? A eux? Pas si sur.
Dans un processus d’éducation normal, c’est la mère qui est sensée inculquer au chiot les auto-contrôles. Comme chez les humains, certaines chiennes n’ont pas une fibre maternelle très développée. En règle générale elles font quand même plutôt bien leur boulot. Encore faut-il leur en laisser l’occasion et le temps. Certains éleveurs retirent les chiots de leur mère bien avant l’âge légal de vente (souvent pour préserver la mère), ce qui est à mon sens très dommageable pour le développement du chiot. C’est la mère qui leur apprend les bases de la communication, les codes… C’est elle aussi qui leur apprend à se calmer, à gérer leur mâchoire, etc… C’est elle encore qui leur apprend à gérer leur stress face aux divers stimuli qu’ils rencontrent… C’est elle également qui leur inculque la première le “non” quand elle leur refuse la tétée…
A 2 mois, quand ils quittent leur mère, ces apprentissages sont loin d’être terminés. C’est alors aux maîtres d’assurer la relève.
La plupart des maîtres de chiots que je rencontre ont l’air surpris de constater quelques jours après l’adoption, que leur chiot fait ou fait encore des bêtises. Ils sont surpris que leur chiot ne soit pas toujours propre en quelques jours, qu’il continue à mordiller ou à manger tout ce qu’il peut attraper. A t’on appris à marcher ou à parler du jour au lendemain? A t’on appris à lire, écrire en deux jours? N’a t’on jamais fait l’inverse de ce que nos parents nous disaient? Je verse un peu dans l’anthropomorphisme, mais c’est pour la bonne cause.
Nous voulons des chiots clef en main garanti sans défaut. A quand le malinois sans dent, le berger australien garanti zéro saut ou le golden sans poil? On veut des chiens qui naissent déjà parfaitement adaptés et rodés à une vie parmi les humains. Mais mettons nous à leur place. C’est un peu comme si on nous demandait de vivre au milieu d’une meute de loups comme cela du jour au lendemain, en attendant de nous que l’on se débrouille. Bonjour monsieur le loup, veux tu bien me donner un morceau de cette délicieuse cuisse de chevreuil? Grrr, clac clac… Ok désolé…
La frustration cela commence donc dés l’arrivée du chiot à la maison. Et oui, bébé dormait avec maman. Il veut dormir avec sa nouvelle maman. Malheureusement, celle ci a pris de bonnes résolutions. Le chien ne dormira pas dans le lit. Mais voila, bébé pleure, chouine et maman ne supporte pas. Cela lui fend le cœur ou l’agace, et elle craque. Juste pour une nuit… ou plus. Ensuite bébé se jette sur sa gamelle ( il a faim le pauvre ) ou ne veut pas manger car ce n’est pas aussi bon que chez son ancienne maman. Alors la nouvelle maman rajoute quelque chose de meilleur dans la gamelle et le lendemain bébé veut le même fromage dans ses croquettes. Bébé vient voir papa pour qu’il joue. Il est mignon. Puis il demande souvent pour jouer et papa joue. Un jour papa est occupé et ne veut pas jouer, alors bébé aboie. Papa ne veut pas lui faire de peine alors il lui lance sa balle. Plus tard il revient et aboie de nouveaux. Papa en a marre, il lui lance sa balle pour avoir la paix. Et puis bébé veut un câlin. Il se met à sauter sur maman ou à poser sa tête sur ses genoux. Il est si craquant. Alors maman lui fait son câlin. Viennent aussi les premières promenades. Bébé veut aller à droite, alors papa va à droite. Bébé tire sur sa laisse pour aller sentir le caca qui est de l’autre côté du chemin et papa le suit. Il ne tire pas si fort que ça ce n’est pas grave on corrigera ça plus tard.
Bref la liste est longue d’exemples, de ce genre, qui laissent croire à nos loulous qu’ils peuvent avoir ce qu’ils veulent quand ils veulent… Tout ces comportements que l’on accepte soit par irritation soit par compassion, parce qu’ils sont petits, mignon. Dirons nous la même chose quand ils feront 10, 20 ou 30 kilos de plus, que leurs mâchoires seront plus puissantes, qu’ils auront les pattes pleines de boue, etc…
C’est donc à nous humains, de leur apprendre. Mais pour cela, encore faut-il que nous acceptions qu’un chien soit un chien et qu’il lui faille un certain temps pour apprendre à vivre en harmonie avec nous et notre environnement. Un apprentissage prend du temps, demande de la patience, de la persévérance. La frustration est un apprentissage! C’est à nous de leur expliquer que l’on ne peut pas tout avoir tout de suite, voir même pas du tout. C’est notre rôle de leur enseigner que l’on ne fait pas toujours ce qu’on veut quand on le veut, que l’on ne peut pas céder à ses pulsions, ses instincts de façon systématique… Et n’oublions pas qu’un chien est très souvent tiraillé entre son instinct et ce que nous attendons de lui.
C’est déjà dans les petites choses du quotidien que bébé apprendra ce qu’est la frustration. Apprendre à attendre avant de manger, à patienter calmement pour sortir faire pipi, à ne pas sauter sur les gens, etc… Et il ne faut pas les négliger. En même temps, papa et maman devront apprendre la patience, la persévérance, la cohérence et la rigueur… Ils vont devoir accepter que parfois leur chiot pourra faire des bêtises, qu’il pourra désobéir, et qu’il faudra du temps avant que les bons comportements soient acquis. L’apprentissage de la frustration est une composante essentielle dans l’éducation de nos chiots, car un chien qui n’accepte pas la frustration est un chien mal dans sa peau, qui ne sera jamais satisfait…
Personnellement, j’ai accepté le fait que je ne roulerais jamais en Ferrari, que je ne serais jamais millionnaire et que je ne ressemblerais jamais à Brad Pitt. Du coup, je ne suis pas malheureux et j’apprécie d’autant plus la vie que j’ai…. ( je plaisante naturellement… )
Tony (Feeling Dog).

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